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  • Manon Douard

Combien coûte un photographe de mariage ? (Partie 1/2)

Dernière mise à jour : 22 févr.

Salut toi,


De temps en temps, j'aime bien aller flâner sur les forums destinés aux futurs mariés, pour connaître leurs interrogations et leurs attentes. L'un des questionnements qui revient de manière extrêmement récurrente, c'est la question du prix "acceptable" pour telle ou telle prestation. Et parmi les prestations dont les prix sont les plus discutés, on trouve la photographie de mariage.



Sur ces forums, le montant de 1500 euros est pas mal revenu, brandi comme une sorte de limite qui séparerait la profession en deux, avec d'un côté les prestations "pas chères" et de l'autre côté les prestations "trop chères". Souvent les futurs mariés évoquent les prestataires déjà rencontrés, les prix qu'ils ont eu l'occasion de voir sur le marché, leur opinion personnelle, bref, on en arrive à ce montant de 1500 euros. Ce tarif est même tellement ancré que moi-même, au moment de chercher ma photographe de mariage il y a quelques années, je me suis inconsciemment alignée sur ce montant, car c'était la seule information chiffrée que j'avais trouvée sur les forums (je n'étais pas encore photographe de mariage à l'époque).


Désormais passée dans l'autre camp, j'ai envie de te donner mon opinion : comment estimer le "bon prix" d'un photographe de mariage ? Est-ce que 1500 euros est un "bon prix" selon moi ?


Nota : cet article va finalement être publié en deux parties, parce que contrairement à ce que j'avais initialement prévu, il fait l'équivalent de 15 pages Word. Donc, histoire d'éviter que le lecteur potentiel ne meure de vieillesse avant d'arriver à la conclusion, je vais le couper en deux. En plus ça permet de renouer avec la notion de suspense, un peu comme à l'époque où j'écrivais des fanfictions, bref, tu vas voir, ça sera super.


Voilà comment j'ai articulé ces deux parties :

- Partie 1 : qu'est ce qui est compris dans une prestation photo de.mariage et, côté photographe, quels sont nos contraintes et nos frais ? Si je prends mon cas personnel, est-ce que ce montant de 1500 euros est viable pour ma propre activité ?

- Partie 2 : je vais te donner des informations sur le secteur de la photographie de mariage et sur la répartition du budget moyen des mariés, parce que ce sont pour moi des éléments fondamentaux à étudier pour répondre à la question "combien ça coûte un photographe de mariage ?"


Qu'est ce qu'une prestation de photographie de mariage ?


On va d'abord reprendre les fondamentaux.


Pour pas mal de gens - et je le comprends - l'image qu'on a du photographe de mariage, c'est un peu celle de Jean Paul Rouve dans Le Sens de la Fête.



On est payé un SMIC voire plusieurs pour passer la journée à grignoter des petits fours en appuyant vaguement sur le déclencheur de temps en temps. Ensuite on retouche les photos chez nous et hop on enchaîne avec une nouvelle journée à manger des petits fours en papotant avec les invités. On est sympathique, certes, m'enfin on fait quand même un boulot de planqué par excellence.


Certes, passer la journée avec des gens gentils, heureux, bien habillés, à faire des photos, c'est agréable. Mais, d'une part, c'est un travail : on est là pour fournir une prestation pour laquelle on est rémunéré, on est concentré sur ce qu'on fait parce qu'il faut avoir des photos de chaque moment important, idéalement de chaque invité, bref, ça n'est pas une journée de vacances. Je te rappelle d'ailleurs que si on se rate, si nos photos ne sont pas réussies ou déçoivent les mariés, on n'a aucune possibilité de se rattraper. La pression que j'ai sur un mariage est réelle : si je me rate, les mariés n'ont pas les souvenirs attendus de l'une des plus importantes journées de leur vie.


D'autre part, la journée de prestation en elle-même ne représente qu'une petite partie de notre métier. Dans les faits, une prestation de mariage, c'est :

- Des échanges préliminaires plus ou moins nombreux pour établir avec les mariés leurs souhaits et valider avec eux la prestation.

- Etre présent le jour J pour une durée généralement assez longue. En moyenne, mes reportages durent entre 9 et 12 heures, généralement passées debout à se déplacer tout le temps, avec assez peu de pauses, le tout en portant deux appareils photo, trois objectifs, une sacoche de matériel, etc. J'aime mon métier, mais c'est un métier, avec la pression et l'effort physique qui va avec.

- Trier les milliers de photos réalisées et les retoucher afin de restituer aux mariés un reportage qui, dans mon cas une fois encore, fait entre 400 et 650 photos en moyenne.


Et ici je n'évoque pas tout le travail de prospection et de communication réalisé pour faire connaître son travail et trouver des clients. Le monde de la photographie de mariage est très concurrentiel, il ne suffit pas d'acheter un appareil photo pour trouver instantanément clients et opportunités professionnelles.



Ce travail ne peut être réalisé sans matériel photo adapté. Sur ce point, il est bien sûr possible de trouver des combines pour ne pas éclater son budget (investir dans des appareils moins haut de gamme, regarder du côté du marché de l'occasion, etc). Mais quoi qu'il en soit, la photo de mariage, ça coûte cher en investissement de départ. Et cet investissement, on le répercute sur le tarif de nos prestations (ce que fait n'importe quel entrepreneur, quel que soit le métier considéré).


Petit tour d'horizon.


Le matériel


On va commencer par le plus facile à définir : le matériel utilisé par le photographe, qui peut s'évaluer financièrement relativement facilement.


Il y a, d'une part, les boîtiers. Je dis "les", parce que généralement, les photographes en ont (au moins) deux.


Les boîtiers


D'abord, cela permet de travailler plus efficacement lors des mariages, en ayant une focale différente sur chaque boîtier (ce qui te permet de passer aisément d'un objectif portrait à un grand angle qui englobe toute une scène, par exemple.) Certains moments d'une journée de mariage ne durent qu'une poignée de minutes, voire secondes - la sortie des mariés, le lancer de bouquet, la découverte des mariés... - et il est inenvisageable de perdre un temps précieux à dévisser/revisser les objectifs 18 fois dans la journée - sans compter que ça n'est pas génial pour les connecteurs d'être sollicités toutes les trente secondes.


Ensuite, ça apporte une garantie aussi bien au photographe qu'aux mariés : quand on a plusieurs boîtiers et plusieurs objectifs, on se prémunit d'une catastrophe en cas de défection soudaine de l'un des boîtiers ou de l'un des objectifs. Étant donné le tarif auquel on facture une prestation de photo de mariage, fournir une assurance aux mariés est absolument nécessaire pour éviter un "Coucou il est 10h du matin mais vous allez rire mon appareil photo est décédé bon tant pis pour le solde vous payez par chèque ou virement ?"


Anecdote perso : je travaille avec deux boîtiers hybrides. Un jour, en plein mariage civil, l'un des deux a décidé de tout simplement arrêter de prendre des photos. En cause : un simple bug du logiciel interne. Une réinitialisation et un re-paramétrage de l'ensemble de mes réglages a suffi à régler le problème, mais ça je l'ai fait tranquillement chez moi le soir, et j'ai utilisé mon second boîtier pour finir ma prestation. Sur le moment, je n'avais aucun moyen de savoir si mon appareil était réparable, et absolument pas le temps de faire un examen approfondi (je te rappelle qu'on est en pleine cérémonie civile, cérémonie qui dure en général 20 minutes, pas plus. A moins de littéralement arrêter le mariage, je n'ai absolument pas le temps de réparer mon appareil). Au final, j'ai simplement fini la journée avec mon second boîtier, sans rien dire aux mariés pour ne pas les inquiéter. Personne ne s'en est aperçu, et le reportage n'a pas été impacté par cette mésaventure. Je te laisse entrevoir la situation dans laquelle j'aurait été et le stress pour les mariés si je n'avais eu qu'un seul appareil qui se suicide pendant la cérémonie civile.



Les objectifs


Qui dit deux boîtiers dit au moins deux objectifs, parfois plus si on veut être en mesure de s'adapter à toutes les situations et à toutes les conditions de lumière. J'ai personnellement trois focales différentes (et pas mal de photographes en ont davantage).


Tout le reste


A l'achat des boîtiers et objectifs s'ajoutent pêle-mêle :

- Les cartes mémoire et batteries (personnellement j'ai 8 cartes et 6 batteries, c'est clairement un budget)

- Les abonnements mensuels des logiciels de retouches et des galeries en ligne via lesquelles on transmet les photos aux mariés

- Le matériel bureautique nécessaire à l'activité du photographe : disque dur externe, ordinateur suffisamment puissant pour pouvoir gérer une très grosse quantité de fichiers (spoiler : ce type d'ordinateur ne coûte pas 500 euros).

- Les formations régulières pour progresser dans notre métier et pouvoir ensuite valoriser davantage notre travail.

- Les clouds/sites spécialisés que l'on utilise pour stocker et diffuser les galeries photos.

- La création et l'hébergement du site internet

- La communication d'entreprise (inscription sur des annuaires, paiement pour publications, participations à des shootings éditoriaux)

- Le coût du véhicule et les frais kilométriques

- Le coût de production des tirages et/ou des albums compris dans les formules que l'on propose aux mariés (ce coût est loin d'être négligeable).

- Le coût des supports sur lesquels les photos sont remises aux mariés (dans mon cas, il s'agit d'un coffret que je grave au nom des mariés et qui contient quelques tirages et une clé USB, le tout envoyé par la poste. Multiplié par 20 mariages, ce n'est pas négligeable.)

- Le coût de l'assurance professionnelle.

- Les accessoires (harnais, sac photo, protections diverses).


Tous ces frais sont théoriquement avancés avant même le lancement de ton activité : tu ne vas pas te présenter sur un mariage sans l'assurance de fournir un travail de qualité à tes clients.


Personnellement, j'ai dépensé 6000 euros au lancement de mon activité, et plusieurs milliers d'autres au fil du temps pour étoffer mon parc optique et le matériel nécessaire au développement et au stockage de mes photos. Aujourd'hui, environ 200 euros de mon chiffre d'affaire mensuel me sert à amortir ces investissements, soit plus de 2000 euros par an. Ce n'est pas rien.


"Un bon photographe n'a pas besoin de matériel haut de gamme"


C'est un argument que j'ai déjà croisé plusieurs fois : un bon photographe sera à même de travailler avec un matériel moins bon. C'est vrai, dans le sens où un solide bagage technique rend plus adaptable aux mauvaises conditions de prise de vue. Sauf qu'en mariage, il y a en a forcément, et les limites techniques d'un boîtier, qu'on le veuille ou non, elles existent aussi.


Un mariage ne se déroule pas dans des conditions de lumière systématiquement idéales. Tôt ou tard, on est confronté à des situations de prise de vue avec une faible luminosité : lieu de culte particulièrement sombre, préparatifs en intérieur avec peu de lumière, sans parler de la soirée, où à moins d'avoir la chance d'avoir un DJ avec des lumières particulièrement travaillées (ce n'est pas toujours le cas) tu vas toucher les limites techniques de n'importe quel appareil. Tu peux être le meilleur photographe de la Terre, avec un flash insuffisant et un matériel qui ne suit plus en basse lumière, tu auras des photos bruitées et moins qualitatives à plusieurs moments de la journée. Ce n'est pas forcément rédhibitoire pour les mariés, mais c'est une information à avoir en tête (et pour l'avoir vécu, le stress que ça génère en situation réelle est incomparable. Avoir du bon matos c'est aussi d'acheter de la tranquillité).


Quant à n'avoir qu'un seul boîtier : j'estime que le risque que ça fait prendre aux mariés comme au photographe est énorme. En tant que future mariée, si mon photographe de mariage professionnel se pointait avec un seul appareil et avait un problème, j'estimerais qu'il est responsable (dans la mesure où l'écrasante majorité d'entre nous travaillons avec deux appareils, justement pour réduire les risques au maximum). Et là encore, le stress que ça génère pour le photographe est énorme. Je préfère investir dans mon matériel et arriver sur une prestation la plus sereine possible.


Bref, travailler à bas coût sur le plan du matériel, c'est possible, mais c'est (très) compliqué. Selon moi, un photographe de mariage sérieux aura deux boîtiers, et sans aller sur du méga haut de gamme, il doit avoir un matériel lui permettant de travailler correctement en conditions de basse lumière. Sinon, c'est qu'il se lance, et dans ce cas aucun souci, on est tous passés par là, il faut juste l'avoir à l'esprit en tant que futur marié (après tout avoir des photos de ta première danse un peu bruitées ne va pas gâcher ta vie).



On a abordé dans cette première partie le côté bassement comptable de la prestation photo de mariage, parce qu'il me semble important, dans un premier temps, de toucher du doigt le fait qu'il ne suffit pas d'avoir un appareil qui traîne chez soi pour être apte à venir en prestation et accomplir un travail correct. Il y a néanmoins un autre point à mon sens extrêmement important, et celui-ci est quasi systématiquement passé sous silence sur les forums ou articles que j'ai lus.


La valorisation du savoir-faire


J'ai un peu l'impression que dans notre métier, parce qu'on est photographe de mariage et pas artiste peintre, par exemple, la notion de savoir-faire est totalement occultée. Beaucoup de gens ont une vision dédaigneuse de ce qu'ils appellent "l'industrie du mariage". Le mariage, c'est avant tout de l'amour, donc vouloir valoriser son savoir-faire en tant qu'artisan reviendrait indirectement à arnaquer les mariés ou à profiter d'eux. C'est une vision réductrice et surtout très partiale de tous les métiers qui tournent autour du mariage.


Quand tu achètes un tableau, tu ne vas pas te contenter de calculer combien a coûté la toile, la peinture, les pinceaux et le salaire "correct-selon-toi" pour décider combien l'œuvre devrait coûter. Tu n'y connais rien en peinture, et si tu rentres dans une galerie et que tu vois un tableau à 5000 euros, tu vas peut-être te dire "c'est trop cher pour moi". En revanche, je doute que tu te dises "c'est scandaleux, c'est beaucoup trop cher pour de la peinture, franchement pour qui se prend ce peintre, tout ça pour ça". Pourquoi raisonner différemment sous prétexte qu'il s'agit de photographie de mariage ? Le savoir-faire, le savoir-être, les années d'expérience et l'esthétique de ton photographe sont aussi des choses qu'il valorise quand il fixe ses tarifs, et c'est normal.


La photographie est un artisanat, au même titre que la maroquinerie, le prêt-à-porter ou la menuiserie. Un artisan devrait pouvoir valoriser son savoir-faire sans que ça fasse bondir ses clients potentiels.


Concernant la photo de mariage, beaucoup des futurs mariés dont j'ai lus les billets sur les forums que j'ai trouvés ont une approche uniquement financière de la prestation photo de leur mariage.


Je comprends tout à fait qu'organiser un mariage c'est avant tout composer avec un budget, mais la seule chose concrète que les mariés retireront de cet événement, la seule trace de son passage outre les alliances aux doigts et les souvenirs, ce sont les photos. C'est dommage de ne prendre en considération que le prix s'agissant de souvenirs que l'on va garder toute la vie.


En plus d'être dommage, ça peut être dangereux, parce que ça peut conduire à faire des compromis et à accepter un travail ou des modalités de rendu qui ne te conviennent pas pleinement.



1500 euros comme tarif, est-ce viable ? Mon cas personnel


Je ne connais pas le détail de la comptabilité des autres photographes, donc je ne vais baser mon opinion que sur ma propre situation, et tâcher d'appliquer tout ce que je viens de t'expliquer à ma propre activité.


Ma comptabilité : le nerf de la guerre


Comme je te le disais plus haut, pour ce qui est de mon investissement de départ total en matériel photo, il est de 6000 euros au départ, et 10 000 euros au total si on compte les investissements que j'ai faits ultérieurement (rachat d'un ordinateur, notamment). Aujourd'hui, je considère que 200 euros par mois environ de ce que je gagne me servent uniquement à amortir mon matériel.


J'ai fait le choix d'investir dans du matériel d'occasion mais haut de gamme. J'ai aussi choisi des optiques de très bonne qualité, et investi dans un ordinateur particulièrement performant. Je voulais être en mesure de pouvoir évoluer et me former rapidement en m'appuyant sur un matériel de qualité que je pourrais garder plusieurs années. Ce choix est personnel, et tout le monde n'a pas dépensé 6000 euros au lancement de son activité. Cependant, certaines dépenses sont incompressibles pour quiconque veut se lancer dans la photographie de mariage professionnelle : deux boîtiers, un ordinateur suffisamment performant, un espace de stockage. Difficile de se lancer sans dépenser plusieurs milliers d'euros dans le matériel adéquat.


Je vais t'épargner le détail de mes tableurs excel, mais après vérification, une fois que j'ai retranché de mon chiffre d'affaires bruts l'intégralité de mes frais et de mes impôts (22% dans mon cas), mon salaire net représente environ 60% de mon chiffre d'affaire. Et ce montant ne prend pas en compte le fait que certaines de mes formules incluent des séances photos ou des albums, qui entraînent eux-même un coût de production supplémentaire et des échanges liés à l'organisation et la préparation des séances ou des maquettes d'album.


La limite du nombre de prestations que l'on peut réaliser chaque année


Si on considère que je travaille seule et ne peux pas assurer plus d'un mariage par weekend, il y a forcément une limite au nombre de mariages que je peux espérer signer (à moins de travailler dans le monde entier pour couvrir des mariages dans l'hémisphère Sud, mais si c'était le cas la question des 1500 euros de facturation ne se poserait pas, tu t'en doutes).


La haute saison des mariages dure globalement entre 4 et 5 mois en France. Il est très difficile de booker un mariage chaque weekend de cette haute saison et même si c'était possible, ça ne serait pas souhaitable. Lorsque j'enchaîne les mariages, je travaille le samedi complet, je rentre très tard dans la nuit du dimanche, et j'attaque le développement dès le lundi matin jusqu'au vendredi soir, en enchaînant un mariage le lendemain.


Je pense déraisonnable, physiquement et mentalement, de tenir ce rythme pendant 5 mois sans aucun weekend de pause. Je pense même que ça serait préjudiciable aux mariés, sur le long terme. Or, à 1500 euros bruts la prestation, donc 900 euros net pour moi au vu de mes frais de fonctionnement, il me faudrait une vingtaine de mariages par an rien que pour m'assurer le SMIC. Et encore, ça, c'est en considérant que ma formule de mariage à 1500 euros n'inclut ni tirages ni albums fournis aux mariés, ce qui grèverait encore ma marge.


1500 euros, viable ou pas, du coup ?

Non.


Quand j'émets une opinion sur la viabilité de ce business model, je pars de l'hypothèse que la personne concernée souhaite vivre de la photographie de mariage, ou du moins en faire son activité principale (ce qui est mon cas).


Mon sentiment, basé sur mon expérience personnelle et les échanges que j'ai eus avec d'autres prestataires, c'est que pour installer une activité viable de photographie de mariage, on ne peut pas se maintenir à 1500 euros maximum la prestation, à moins de réussir à faire énormément de mariages chaque année, ce qui est physiquement éprouvant en plus d'être un vrai défi commercial. En effet, plus ta saison se remplit, plus il devient difficile de booker les derniers weekends encore libres, car statistiquement, tu commences à devoir décliner de plus en plus de demandes. Booker 35 mariages sur 35 weekends est un réel tour de force commercial dont je me crois, personnellement, totalement incapable.


La question du savoir-faire totalement occultée


Au-delà de la faisabilité de la chose, je suis attristée par le fait que lorsqu'une limite "acceptable" de tarif de prestation est évoquée sur les forums, il n'est presque jamais fait mention du savoir-faire du photographe. Ton photographe est un artisan qui met à ta disposition, dans le cadre de sa prestation, son savoir-faire, son professionnalisme, son savoir-être... Ces éléments, plus difficilement quantifiables que le prix d'un boîtier ou d'une formation, sont néanmoins à prendre en compte.


La question de la progression totalement occultée


On pourrait considérer que dès lors qu'un artisan photographe arrive à se rémunérer au SMIC ou un peu au-dessus (ce qui serait théoriquement possible en facturant beaucoup de prestations 1500 euros), il devrait être content. Mon opinion est que dans tout métier, on a besoin de sentir qu'on peut évoluer. Cela passe, dans la voie professionnelle 'classique", par les perspectives d'évolution, la gestion de sa carrière, ou le changement de poste. ça passe, surtout, par des augmentations de salaire qui suivent cette évolution. En tant qu'artisan, notre principale possibilité de progression est tout simplement d'augmenter nos tarifs proportionnellement à l'évolution de nos compétences.


Passer trente ans à se former, s'efforcer d'évoluer, pour toucher l'équivalent d'un SMIC toute sa vie, ça n'est pas viable, parce que ça revient à ne jamais valoriser son savoir-faire alors que, comme je te l'écrivais plus haut, c'est une part non négligeable de ce que contient le tarif d'une prestation de mariage. A priori, sauf à trouver un mode de fonctionnement basé sur une quantité de prestations importantes ou un métier alimentaire saisonnier, tous les photographes vont tôt ou tard augmenter leurs tarifs au fur et à mesure que leur technique, leurs connaissances, leur expérience, va croître.


Se poser les bonnes questions

Identifier le paradoxe des réseaux sociaux


Ce que je ressens actuellement quand je parcours les sites d'inspiration mariage, que je lis des témoignages ou des avis, ou que je vois des publicités sponsorisées sur les réseaux sociaux, c'est que cette fameuse frontière tarifaire, cette idée selon laquelle payer plus de 1500 euros un photographe de mariage c'est délirant perdure, tandis que les images d'inspiration auxquelles les futurs mariés sont soumis changent drastiquement.


Pinterest, Instagram, les blogs d'inspiration mariage ont "professionnalisé" les préparatifs de mariage et le mariage en lui-même. Décoration, fleurs, ambiance lumineuse... Aujourd'hui, tout est codifié, standardisé, et ce phénomène ne fait que s'accentuer d'année en année.


Sauf que l'écrasante majorité des photos qu'on voit, des mariés au coucher du soleil les pieds dans l'eau en Italie au plan de table personnalisé sur un mur végétalisé, viennent de mariages très haut de gamme, formidablement en décalage avec la majorité des mariages célébrés en France. Je ne dédaigne pas du tout les mariages auxquels je participe (ou le mien d'ailleurs, que j'ai adoré), mais cette situation contribue à créer de la frustration aussi bien chez les mariés que chez les prestataires.


Rester figé sur une barrière tarifaire arbitraire qui reste la même depuis dix ans tout en t'inspirant d'images et d'idées de plus en plus travaillées et onéreuses et fur et à mesure que l'industrie du mariage se développe, c'est la garantie de ne jamais trouver le prestataire qui te convienne, puisque tes attentes ne cessent d'augmenter mais pas tes critères de sélection.


Recentrer le débat sur la bonne question


Pour moi, "Est-ce que 1500 euros c'est un bon prix pour une prestation de mariage ?" ça n'est pas la bonne question.


En fait, en traitant ce sujet, j'ai identifié deux interrogations que je trouve plus pertinentes et qui doivent te guider dans ta réflexion :

1) Pourquoi y'a-t-il autant de futurs et anciens mariés sincèrement convaincus que 1500 euros est un bon tarif ? D'où vient cette idée reçue ?

2) Est-ce que 1500 euros pour une prestation de photo de mariage c'est un bon prix pour moi par rapport à mon budget et à mes attentes ?


Ce sont globalement à ces deux questions que je vais essayer de répondre dans la seconde partie de cet article, qui sera publié dans quinze jours.

(Qui est déjà en grande partie écrite, mais encore une fois te balancer plus de quinze pages de texte dans la tête je trouvais ça un poil violent.)


Je te remercie si tu as lu l'intégralité de ce (long) billet. Ce sujet me tient à coeur depuis longtemps, mais comme tous les thèmes qui peuvent être sujets à débat, j'ai mis longtemps à trouver comment je souhaitais l'aborder, et encore plus de temps à l'écrire de manière à donner mon point de vue sans (j'espère) paraître agressive ou désagréable. L'idée c'est d'évoquer un point de vue et de partager des informations, pas de me poser en donneuse de leçons insupportable. N'hésite pas à me donner ton opinion dans les commentaires si tu n'es pas d'accord avec moi, en tout cas !


Tu peux aussi faire un tour sur mon site pour en savoir plus sur mes prestations, mes tarifs, ou si tu souhaites me contacter pour échanger au sujet de ton mariage.


A bientôt j'espère pour la seconde partie (quel suspense !)


Manon







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