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  • Manon Douard

Photographe de mariage enceinte : gérer le combo grossesse/boulot

Dernière mise à jour : 28 févr.

Bonjour toi,


Depuis quelques jours, je suis officiellement en congés maternité (un peu plus tôt que prévu, mais j'y reviendrai). L'occasion pour moi de revenir sur mon parcours cette saison et ce que j'ai mis en place pour faire cohabiter ma grossesse et mon métier de photographe de mariage. J'ai eu envie d'en parler dans un article parce que quand j'ai commencé à réfléchir à l'organisation que je souhaitais mettre en place sur ma saison 2022, j'ai trouvé extrêmement peu d'informations ou de témoignages en français. Peut-être que mon humble expérience pourra en aider certaines !


Nota : j'ai eu la chance immense d'avoir une grossesse 'idéale' : très peu de symptômes, aucune alerte médicale contraignante avant le troisième trimestre, et une bonne forme physique avant la grossesse qui a certainement facilité la gestion des événements quand je suis tombée enceinte. Les précautions que j'ai prises paraîtront peut-être légères à quelqu'un ayant une grossesse plus médicalisée que la mienne.



J'ai photographié cette petite bouille sur l'un de mes mariages de cet été : déjà bien bien enceinte, je me suis facilement allongée par terre pour la photographier, mais j'ai cru que j'allais jamais réussir à me relever !


Chapitre 1 - le premier trimestre


Par défaut, je me suis calquée sur le congé maternité légal : seize semaines de congés, dont six précédant le terme. Je suis tombée enceinte en janvier avec un accouchement prévu fin octobre. En me calquant sur le congé maternité légal, ça voulait dire annuler tous mes mariages de septembre et d'octobre, et prévenir les autres mariés pour discuter avec eux, tout en ayant en tête qu'il était possible que ceux du mois d'août souhaitent rompre le contrat car estimant leur mariage trop proche de mon terme.


Quand prévenir les mariés ?


C'est clairement la première question que je me suis posée.


Tu le sais, je suis partisane de l'honnêteté et de la transparence. On pourrait donc se dire que je l'ai annoncé aux mariés dès que j'ai découvert ma grossesse.


Eh bien pas du tout.

J'ai pris la décision de ne rien annoncer avant la fin de mon premier trimestre.


Prévenir mes clients trop tôt, c'était prendre le risque que la grossesse ne se poursuive pas (fausse couche, problème médical quelconque) et que ça ait des conséquences sur le plan professionnel :

- J'aurais annulé des prestations pour rien (et j'aurais donc perdu de l'argent).

- J'aurais potentiellement mise à mal ma relation avec les mariés en opérant un rétro-pédalage : je suis enceinte donc je ne pourrai peut-être pas travailler avec vous/je ne suis plus enceinte finalement c'est bon. Même si ça n'aurait pas été ma faute, ce n'est clairement pas le meilleur moyen de mettre en confiance les gens.

- Je prenais le risque de devoir prévenir plus d'une dizaine de couples de l'interruption de ma grossesse après les en avoir informés, et je n'avais pas envie de me retrouver dans cette situation (sans parler des mariés qui se passeraient sûrement d'une conversation aussi sympa en plein préparatifs de leur mariage).


J'ai donc pris la décision de travailler normalement, de signer mes contrats comme si je n'étais pas enceinte, et d'attendre l'échographie de la fin de premier trimestre pour prendre des mesures sur le plan professionnel. J'étais d'autant plus à l'aise avec cette décision que j'avais déjà vécu une fausse couche précoce et j'avais également eu une alerte pendant le premier trimestre de cette grossesse, j'avais donc pleinement conscience que malheureusement, une interruption de grossesse, ça arrive.


Et si les mariés me le reprochent ?


Cela me paraissait franchement peu probable.

Mais s'ils l'avaient fait, j'aurais estimé qu'ils avaient tords.


Personnellement, je considérais que les mariés "directement impactés" par ma grossesse sont ceux dont l'événement aurait lieu pendant mon troisième trimestre. Le deuxième trimestre se caractérise généralement par des symptômes bien moindres et une prise de poids pas encore déterminante, donc pas de soucis côté boulot, sauf grossesse pathologique. Du coup, les événements les plus concernés auraient lieu plusieurs mois après l'annonce aux clients, ce qui me laissait largement le temps de réfléchir à un plan B en cas de besoin.


J'ai donc attendu mon échographie de fin de premier trimestre pour informer mes mariés, et tous ont parfaitement compris que je ne les ai pas prévenus tout de suite. Aucun ne m'a fait de reproche comme quoi je les prévenais trop tard.



Chapitre 2 - le deuxième trimestre


C'est là qu'arrive mon premier coup de chaud, car il fallait soudain gérer les conséquences concrètes de cette grossesse sur mon activité.


Etape numéro 1 : prévenir les mariés


J'ai décidé d'informer tous les couples de ma saison 2022 quelle que soit l'avancement de ma grossesse lors de leur événement. D'une part, j'en avais besoin sur le plan pratique : n'étant pas immunisée contre la toxoplasmose, il était nécessaire que le traiteur fasse des ajustements, donc que les mariés soient informés. D'autre part, j'estimais avoir un devoir d'informer les couples avec lesquels je travaille : je ne me voyais pas débarquer avec mon ventre de femme enceinte sur un mariage sans avoir prévenu personne.


J'ai commencé à prévenir les couples un par un par ordre chronologique : les mariages les plus proches en premier puis en remontant le fil de ma saison jusqu'aux mariages les plus lointains.


Selon moi, on n'annonce pas ce genre de nouvelle par mail, encore moins un mail groupé. Les mariés sont potentiellement stressés par leurs préparatifs, ils ont besoin d'être rassurés. Un mail lâchant une énorme bombe de type "je suis enceinte bisous" je trouvais ça tout sauf rassurant. Je me disais surtout que c'était le meilleur moyen de créer des tensions avec les mariés, là où un échange téléphonique me permettait de répondre en direct à toutes leurs questions et d'éviter tout malentendu.


J'ai commencé à prévenir mes clients le jour de mon échographie de fin de premier trimestre : j'ai eu les résultats le matin, et dès l'après-midi j'étais au téléphone. Pour moi, il était important d'avoir la conscience tranquille et de me dire que je faisais le maximum pour être irréprochable sur le plan professionnel.


Etape numéro 2 : laisser aux mariés le choix de poursuivre leur collaboration avec toi ou pas


Certains mariés étaient plus impactés que d'autres par ma grossesse, soit parce que je serais davantage avancée dans la grossesse au moment de leur mariage, soit parce qu'ils étaient particulièrement stressés et étaient donc particulièrement inquiets suite à la nouvelle, indépendamment du stade d'avancement de ma grossesse à leur événement.


J'ai choisi de laisser systématiquement aux mariés le choix de continuer la prestation avec moi ou non, tout en leur faisant part de mon opinion et de ce que je comptais mettre en place pour pallier toute éventualité.


Je l'ai vécu personnellement : le rapport qu'on entretient à son mariage est particulier. Certaines personnes sont de nature plus anxieuses, ou se projettent simplement beaucoup plus sur leur mariage. Tu ne peux pas prévoir qui va réagir comment, et surtout, tu ne peux pas avoir d'échange rationnel avec tout le monde.


Certains mariés, alors que j'étais enceinte de six voire sept mois lors de leur mariage, étaient tout à fait détendus, d'autres ont préféré arrêter alors que je n'aurais été enceinte 'que' de cinq mois lors de leur mariage. Je me suis dis qu'il valait mieux respecter l'inquiétude des mariés que les pousser à travailler avec moi malgré leur stress. D'abord, ils ne seraient pas dans les meilleures dispositions pour apprécier ma prestation le jour J si je leur forçais la main malgré des réticences initiales. Ensuite, si la prestation se passait mal, j'allais au-devant de grosses tensions (et déjà que des conflits avec des mariés c'est tout sauf amusant, enceinte c'était absolument hors de question).


Etape numéro 3 : réfléchir à ce qui se passera si ma grossesse m'empêche de couvrir un mariage


Ma grossesse se passait a priori très bien, je n'avais aucun symptôme invalidant, aucune alerte médicale, tout semblait indiquer que je pourrais travailler jusqu'à mon congé maternité sans souci particulier. Sauf que mon ressenti optimiste, les mariés ça leur faisait une belle jambe. Eux, ce qui les intéressaient, c'est d'être certains qu'ils auraient quelqu'un avec eux le jour de leur mariage.


Et c'est là que ça se complique un peu.


Concrètement, la plupart des photographes de mariage sont auto-entrepreneurs. Nous gérons notre propre activité, et nous bookons nos mariages seuls. En tant que photographe de mariage, je ne vais pas accepter de bloquer gratuitement une date en haute saison pour servir de backup éventuel à une autre photographe. Je n'ai rien à y gagner : dans le meilleur des cas je la remplace au pied levé (avec des mariés que je ne connais pas, des conditions de prise de vue que je n'ai pas négociées), dans le pire des cas je perds de l'argent parce qu'elle assure sa prestation normalement, et moi j'ai bloqué une date pour rien.


Donc, l'assurance que voulaient les mariés : je ne pouvais pas la leur donner. Pour moi, tout partait déjà de ce simple constat.


Mon discours : "Je pense être capable d'assurer ton mariage, je m'engage à te tenir informé s'il y a la moindre dégradation de mon état de santé et, si ça se produit, je m'engage à contacter tous les photographes que je connais pour te trouver un remplaçant."

C'est un engagement de moyens, pas de résultats. Je m'engageais à leur chercher une solution, pas à la trouver (je ne suis pas magicienne).


Ce que j'ai fait concrètement :

- J'ai cherché et listé les photographes de la région dont l'approche me semblait correspondre à la mienne, que ça soit dans la prise de vue ou dans les retouches. Mon style de développement tend plutôt vers le Fine Art, j'ai donc cherché des photographes dans ce style. L'objectif premier, c'est que mes mariés soient satisfaits de leur photographe, que ce soit moi ou quelqu'un d'autre. Proposer un photographe Moody avec une approche radicalement différente de la mienne, c'était prendre le risque que les mariés soient déçus ou ne souhaitent pas travailler avec lui.

- J'ai pris contact avec les photographes en question (pour ceux que je ne connaissais pas encore) pour leur expliquer ma situation et échanger avec l'eux. L'occasion de comprendre comment eux avaient envie de travailler, comment ils fonctionnaient avec leurs mariés, et leur demander leurs tarifs. Là encore, j'estimais logique de proposer à mes mariés, en cas de remplacement, une personne avec des prestations cohérentes par rapport aux miennes puisque le but était que, pour eux, ça soit parfaitement indolore sur le plan financier.

- Ne pouvant leur demander de bloquer des dates de pleine saison pour moi plusieurs mois à l'avance, je me suis contentée de prendre note des dates auxquelles ils étaient encore disponibles. Par la suite, je les ai relancés, notamment pour mes derniers mariages de la saison, histoire d'avoir en permanence une vision de qui était disponible quand, de manière à pouvoir réagir rapidement ai besoin.


Etape numéro 4 : être rigoureuse dans le suivi de ma grossesse pour n'avoir rien à me reprocher en cas de souci


Mon objectif sur le plan professionnel durant cette grossesse : avoir en permanence des informations médicales à jour pour gérer au mieux à la fois ma santé (qui restait quand même ma priorité) et mes événements.


Je faisais des points tous les mois avec mon gynéco, et tous mes mariés le savaient. En cas d'alerte donnée par mon médecin, j'aurais ainsi pu prévenir immédiatement les personnes concernées et trouver une solution. En l'absence d'alerte, j'appliquais le "pas de nouvelles, bonnes nouvelles" : tant que je ne t'appelle pas, c'est que tout va bien et que tu n'as pas à t'inquiéter pour ton mariage.


En cas de mauvaise nouvelle ou d'arrêt soudain par mon médecin, j'aurais réagi dans les 24/48h. Objectif : trouver un backup rapidement et appeler les mariés pour leur dire 1) Il y a un problème de mon côté 2) Je t'ai trouvé une solution ne t'inquiète pas.



Chapitre 3 - Le troisième trimestre


On en arrive à la partie intéressante.


Je commence mon troisième trimestre avec un total feu vert médical, comme chaque mois depuis le début de cette grossesse. J'enchaîne deux grosses prestations de 12 heures au début de mon septième mois. C'est physiquement plus éprouvant (d'autant que l'été 2022 ne nous a clairement pas épargné niveau chaleur n'est ce pas) mais je m'estime en forme et les prestations que je réalise ne me paraissent pas impactées par ma grossesse.


En août, je fais mon rendez-vous mensuel avec mon gynécologue. Nous sommes dans le courant du mois d'août, et j'ai prévu de m'arrêter à la fin du mois pour ce qui est des grosses prestations, et de ne garder que les petites séances, moins fatigantes.


Et là, surprise, le gynécologue m'arrête par précaution, car estimant mon métier trop physique. Evidemment, ça ne m'a pas traversé l'esprit une seule seconde de passer outre ses recommandations, de faire prendre un risque à mon bébé, à moi, aux mariés qui n'ont rien demandé... On me dit de m'arrêter, je m'arrête. Mais concrètement, on est mardi, j'ai un mariage dans 72 heures, et trois autres pour lesquels je dois trouver des remplaçants.


J'ai envie d'dire super.


De l'intérêt de l'anticipation


Le mois d'août correspondant à mon septième mois de grossesse, je savais que ce dernier mois de travail pouvait voir un basculement de mon état de santé, et je m'y étais donc préparée.


Je te le disais plus haut : il était impossible de demander à des collègues de bloquer une date pour moi cinq mois avant un événement. En revanche, il était possible de prendre contact avec plusieurs photographes et de les relancer régulièrement pour vérifier leurs dates de disponibilité. C'est ce que j'ai fait deux trois fois au cours de ma grossesse. L'idée était de cibler, pour chaque événement, qui pourrait éventuellement me remplacer en cas de souci.


J'avais donc pris contact dès le début de ma grossesse avec des photographes de ma région. C'était l'occasion de les rencontrer, d'échanger avec eux et d'identifier ceux qui avaient une approche et des tarifs similaires aux miens afin de pouvoir leur passer le flambeau.


Comment j'ai procédé


Je me retrouve arrêtée, mais en possession d'un carnet d'adresses de photographes que j'ai constitué durant ma grossesse, et même des disponibilités de certains d'entre eux, ce qui fait que je sais à peu près qui contacter pour quelle date.


Chaque remplacement a été géré de la même manière :


1) Appeler le photographe remplaçant et discuter avec lui des modalités de la prestation. Mon objectif était que ça ne change rien pour les mariés sur le plan financier. Les photographes étaient d'accords pour s'aligner sur mes prix (puisque j'avais sciemment ciblé des prestataires avec des tarifs relativement similaires aux miens). En cas de décalage, je l'aurais payé de ma poche : je ne vois pas pourquoi les mariés auraient dû souffrir de ma décision de maintenir une prestation malgré une incertitude quant à mon état de santé. Du point de vue des photographes : ça te permet de booker à la dernière minute une date qui serait probablement restée vide sinon, donc tu peux accepter de baisser légèrement tes tarifs puisque ça te permet toujours de bénéficier d'une prestation en plus. L'un dans l'autre, trouver un compromis me paraissait faisable.


2) Appeler les mariés une fois les modalités de prestation validées avec le photographe remplaçant pour les informer, leur donner toutes les informations et les laisser prendre contact avec ledit photographe pour valider que travailler avec lui leur convient.


3) Rendre les acomptes (j'estimais anormal de garder l'acompte d'une prestation que j'avais annulée de ma propre initiative pour raison de santé).


Ne pas appeler les mariés sans solution


Je me suis efforcée de ne surtout pas appeler les mariés sans avoir de solution à leur proposer. Appeler les gens à chaud pour leur dire simplement "tu n'as plus de photographe lol mais je travaille dessus je te redis ça très vite." C'est extrêmement anxiogène, et ça ne sert à rien.


Indépendamment du côté légal, finir la relation contractuelle avec chaque couple sur une note positive me paraît extrêmement important, et ça implique de ne pas juste les laisser tomber sans solution parce que je ne suis plus disponible, mais de les accompagner jusqu'au bout, pour m'assurer que la relève est en place et qu'ils seront pris en charge de la meilleure manière possible.


Du fait que j'avais anticipé un problème éventuel et contacté d'autres photographes, j'ai pu identifié des remplaçants et valider leur profil avec chaque couple en moins de 24h. Si je n'avais rien préparé en amont, je pense que je serais partie pour des jours de stress intense et de galères.



Chapitre 4 - C'est comment, concrètement, de travailler enceinte ?


On a passé en revue le côté administratif et logistique de la grossesse mais en pratique, ça change quoi d'être enceinte quand on est photographe de mariage ?


Si j'ai choisi de maintenir mes prestations, c'est que je me sentais capable de fournir le travail pour lequel je m'étais engagée tout en gérant ma grossesse en parallèle. Ceci étant, une grossesse a des conséquences sur nos aptitudes physiques, et je crois qu'avant de le vivre c'était une notion assez abstraite pour moi.


L'impact de la grossesse en prestation mariage


La condition physique. Dans "grossesse", il y a "grossir". En plus de ces kilos supplémentaires, mes aptitudes physiques ne sont pas aussi bonnes que d'habitude, puisque j'ai mis un gros coup de frein sur le sport, moi qui en fait régulièrement d'habitude. Le tout entraîne une fatigue musculaire plus rapide et plus intense, il me fallait donc agir intelligemment sur les mariages (choisir les objectifs utilisés à chaque moment de la journée et laisser les autres dans un sac dans la voiture ou dans une salle fermée, par exemple).


La prise de poids moyenne d'une femme pendant une grossesse est de 9 à 12 kilos au total. Malheureusement, on n'est pas toutes égales devant nos réactions physiologiques : certaines femmes vont prendre plus de 15 kilos sans avoir forcément multiplié les écarts ou mangé n'importe quoi. Personnellement, mon poids est resté dans la fourchette basse, ce qui m'a permis de me passer d'un assistant ou d'un second shooter pour m'aider, mais c'est une option que j'avais envisagée.


Le mal de dos. Mon centre de gravité est actuellement foutraque, puisque plusieurs kilos viennent se loger à l'avant de mon corps. Du coup, j'ai naturellement tendance à cambrer mon dos et à pencher le haut de mon corps vers l'arrière, pour compenser. Dans ces conditions, porter le harnais photo toute une journée, ça peut finir par tirer assez fort sur le dos. J'ai pris le parti de faire une ou deux poses de dix minutes si nécessaire durant la journée, histoire d'aller dans un coin poser le harnais, étirer mon dos, m'allonger si nécessaire, boire, manger, etc.


L'essoufflement. Une volée de marches, une petite course pour rejoindre les mariés, n'importe quel effort impromptu me fait cracher mes poumons. ça n'empêche pas de travailler, mais sur une prestation longue, ça suppose de réfléchir pour s'économiser : repérer les endroits les plus intéressants pour les prises de vue, et privilégier des changements d'angles de vue réfléchis au lieu de courir partout en mode yolo comme je fais d'habitude.


Voici les dispositions supplémentaires que j'ai prises sur mes événements notamment vu que j'ai eu la chance d'être enceinte en plein été caniculaire :


Faire attention à la chaleur. Alors que d'habitude, tel un chameau, je reste des heures en plein cagnard pour photographier le vin d'honneur, j'ai pris le réflexe de m'abriter régulièrement sous les arbres pour prendre mes photos, et d'éviter le bain de soleil prolongé sur les coups de 14h.


Avoir toujours de l'eau et de la nourriture avec moi. Je buvais toutes les heures et mangeais toutes les deux ou trois heures des barres de céréales que j'emmenais partout avec moi. J'avais en permanence une énorme gourde et de la nourriture plein ma voiture en cas de besoin. Bien sûr mes mariés étaient des doudous, et j'ai eu droit à plein de petites attentions de leur part ou de la part du traiteur, mais je suis partie du principe que je devais être autonome.


Aller aux toilettes dès que je pouvais. J'ai découvert avec ma grossesse les joies des envies d'uriner à toute heure. Tu vas me dire : oui mais c'est le bébé qui appuie sur la vessie, en réalité tu n'as pas besoin d'aller aux toilettes donc il suffit de prendre sur soi (lol on en reparle quand Progéniture t'enverra le talon dans la vessie pendant l'échange des consentements, t'arrachant un gémissement que tu vas déguiser en quinte de toux tout en suppliant intérieurement ton coloc de trouver une autre cible que ton alerte pipi). Travailler dans ces conditions était réellement inconfortable, et c'était relativement facile à éviter en passant par la case toilette dès que possible (pendant les préparatifs, pendant le vin d'honneur, etc).


Quand s'arrêter de travailler en tant que photographe de mariage quand on est enceinte ?


C'est personnellement la question que je me suis le plus posée au début de ma grossesse. C'est pour y répondre que j'ai arpenté tous les blogs spécialisés possibles et lus des dizaines d'articles. J'espérais trouver une règle claire, un espèce de consensus collectif qui m'aurait rassuré et m'aurait permis de décider quand m'arrêter en tout sérénité.


Malheureusement, chaque cas est différent et il n'y a donc aucune règle universelle. J'ai lu des témoignages de photographes qui se sont arrêtées à la fin de leur second trimestre, d'autres qui ont continué jusqu'à 8 mois de grossesse, j'ai même lu le témoignage d'une photographe qui couvrait un mariage la veille de son terme (la guerrière).


C'est à chaque femme de déterminer l'équilibre entre sa santé physique et morale, la pérennisation de son activité et le risque potentielle qu'elle fait prendre à ses mariés.


Personnellement, je comptais m'arrêter à la fin de mon septième mois de grossesse pour ce qui est des grandes prestations de mariage. J'ai finalement été arrêtée quinze jours plus tôt que prévu par mon médecin, ce qui m'a fait annuler quatre mariages et une séance.



Conclusion


Je n'ai pas la sensation d'avoir fourni une prestation "moins bonne" que si je n'avais pas été enceinte. Côté physique, c'est indéniablement plus éprouvant mais la créativité et l'investissement que je mets dans mes mariages sont restés selon moi les mêmes.


Il faut garder en tête que ce discours est tenu par quelqu'un qui a eu, à l'exception de cet arrêt de travail "de précaution", une grossesse extrêmement simple : aucun symptôme handicapant, aucun trouble de l'humeur lié au changement hormonal qui s'opère quand on est enceinte (et qui peut être extrêmement relou), pas d'alerte de santé particulière, et une bonne santé physique avant de tomber enceinte. Je peux tout à fait entendre qu'une femme qui subit des symptômes en cascade, qui a des soucis de santé ou dont le bébé a des soucis de santé ne soit pas en mesure de travailler jusqu'à son septième mois de grossesse. Comme je te le disais en début d'article : il n'y a pas de bonne réponse, il faut simplement s'écouter et écouter ses médecins.


Pour moi, c'est donc la fin des prestations photos. Je vais terminer la post-production de mes derniers mariages, réaliser les albums photo, finaliser l'ensemble des prestations de cette année et probablement écrire des articles ou mettre à jour mon site en attendant que Progéniture (qui est visiblement déjà dans les starting blocks) nous rejoigne. On l'attend avec impatience !


J'espère que cet article apportera quelques informations utiles à 1) une photographe de mariage enceinte ou souhaitant l'être 2) des futurs mariés dont la photographe serait dans cette situation.


Si tu veux des infos davantage axées sur mon travail de photographe (même si la vie de mon utérus et du mini-moi qu'il contient est passionnante), tu peux retrouver mes reportages de mariage et le détail de mes prestations sur mon site internet.


A bientôt,


Manon







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