Manon Douard
Prestataires de mariage : photographe et/ou vidéaste ?
Dernière mise à jour : 11 févr. 2021
Bonjour toi,
Comme souvent, cet article est né de discussions récurrentes que j'ai avec mes mariés. On me demande souvent si je réalise, outre des reportages photos, des vidéos lors de mes mariages.
J'ai donc décidé d'en parler dans cet article. Comment choisir entre photographe et vidéaste ? Faut-il faire cumuler les deux ? Si oui, comment ? Faut-il avoir deux prestataires distincts ou opter pour une personne faisant les deux ? Comment choisir ?
Photos ou vidéos : un choix personnel
A mon mariage, j'ai presque instantanément décidé de ne pas avoir de vidéaste, afin de pouvoir allouer un budget plus important à la prestation photo, et de pouvoir embaucher ma photographe pour toute la durée de la journée. J'aimais l'idée de pouvoir imprimer des photos si je le souhaitais, d'en faire des albums... Ce choix a donc été très facile, et je ne l'ai jamais regretté. Mais il s'agit de mon choix, et mes arguments ne sont pas transposables à tout le monde.
Certains mariés font le choix au contraire de faire primer la vidéo sur la photo, parce qu'un film apporte des éléments absents des photographies.

Le jeu du bouquet lors du mariage de Hélène et Thomas.
Si on avait filmé la scène photographiée ici, tu aurais pu entendre les filles discuter entre elles, les rires, les exclamations de surprise... La photo, au contraire, fige cet instant. Ce sont deux approches radicalement différentes.
Pour savoir de quoi tu as envie, repense à la manière dont toi-même conserve tes souvenirs : est-ce que ton téléphone est rempli de photos que tu envoies à tout le monde, que tu partages sur les réseaux sociaux, que tu imprimes ? Possèdes-tu une galerie pleine de vidéos prises pendant tes vacances ? Réalises-tu des montages que tu envoies à tes proches ?
Tu peux également souhaiter avoir à la fois des vidéos et des photos lors de ton mariage. Se pose alors la question de prendre deux prestataires distincts, ou une seule personne réalisant les deux.
Alors, comment cumuler photos et vidéos ?
Le danger de la formule deux-en-un
Beaucoup de gens voient la vidéo comme une suite de photos mises les unes derrières les autres, et partent du principe que quelqu'un qui sait prendre des photos saura faire de la vidéo, et inversement.
Ce n'est pas tout à fait vrai, selon moi.
Ce qui est vrai, c'est que pas mal de photographes finissent par s'intéresser à la vidéo ou vice-versa, et ces prestataires auront donc à terme une compétence dans les deux domaines. Mais ne va pas croire pour autant que ce passage de l'un à l'autre est automatique ou facile : je ne pense pas que ça soit vrai. En tout cas, ça ne l'est pas du tout pour moi (souvenir ému de ma tentative de filmer lors du mariage d'une copine dont je te parlais dans cet article).
Bien sûr, passer de l'un à l'autre est possible mais selon moi, ça ne s'improvise pas.
Ce n'est pas le même métier
L'essence même de notre travail diffère : le vidéaste va réfléchir en termes de séquences, de suite d'images, et va donc bouger lentement, privilégier les mouvements fluides, les cadrages lui permettant de se déplacer. Moi, je passe mon temps à courir, m'arrêter soudainement pour prendre la photo qui me plaît, tester deux trois trucs, repartir, m’asseoir, m'allonger par terre, bref, je travaille de manière beaucoup plus saccadée, parce que la manière dont je me déplace n'a aucune incidence sur mon travail final, contrairement à un vidéaste (et aussi parce que je n'ai pas dans tout mon être un seul atome de grâce et d'élégance, mais c'est un autre débat).
Imaginons qu'on me mette soudainement une caméra dans les mains le jour d'un mariage : je ne saurais pas comment me déplacer, je serais obligée de tâtonner car ce qui fonctionne pour une image fixe n'est pas nécessairement transposable à une séquence animée. Et ça, c'est en admettant que j'ai la maîtrise technique nécessaire pour réaliser des vidéos, ce qui m'amène à ma deuxième réserve :
Le matériel et les compétences techniques

J'ai photographié il y a quelques semaines un shooting d'inspiration à Ornes, dans la Meuse, aux côtés de Thomas, qui est vidéaste, ce qui m'a permis de comparer le matériel qu'on utilise.

Pur hasard, l'appareil utilisé par Thomas est presque le même que le mien. Du coup, tu pourrais te dire : bah en plus, vous avez de base quasiment le même boîtier, c'est bien la preuve qu'il n'y a pas tant de différence que ça.
C'est vrai. Mais là encore, il y a des variations importantes.
Déjà, comme tu le vois sur la photo ci-dessus, Thomas utilise un micro adapté et un stabilisateur spécifique. De mon côté je travaille avec un harnais en cuir auquel sont reliés les deux appareils que j'utilise simultanément sur mes mariages, pour pouvoir porter rapidement les appareils à mes yeux et être réactive - et j'ai deux boîtiers car je jongle entre trois objectifs différents et j'ai besoin de pouvoir passer rapidement de l'un à l'autre. Notre équipement n'est donc pas le même (et le mien est vraiment plus stylé, parce que je ressemble à un cowboy).
Vidéaste comme photographes doivent également travailler leur reportage en post-production avant de le remettre à leurs clients. Là encore, les logiciels utilisés diffèrent, or je ne pense pas que cet aspect technique puisse s'improviser : il faut un apprentissage conséquent pour être à l'aise en montage vidéo, de même qu'il faut avoir fait beaucoup de retouche photo pour aiguiser son œil et être efficace et rapide au moment de trier puis développer un reportage de mariage. De plus, en vidéo, la notion de fluidité et de dynamisme est importante, alors qu'elle n'existe pas - ou différemment - en photographie.
Sans parler de l'efficacité que tu acquiers avec l'expérience. Moi, par exemple, je prends en moyenne 5000 clichés un jour de mariage, que je réduis à un reportage d'environ 500 photos que je retouche ensuite intégralement, et je te confirme que mon rythme de croisière s'est considérablement accéléré avec l'expérience. Je pense que si je devais réaliser un clip à partir des rushs de Thomas, je mettrais infiniment plus de temps que lui à produire quelque chose d'exploitable, et qui n'aurait rien à voir avec la qualité de son travail à lui.
Bref : un vidéaste expérimenté et/ou formé à la vidéo travaillera plus vite et mieux que moi, parce que je ne me suis pas formée à la vidéo, et que je n'en ai jamais fait.
Des reportages incomplets
Autre problème posé par le cumul des mandats : les reportages incomplets.
Imaginons que tu me demandes d'assurer simultanément la réalisation d'un reportage photos et vidéos : je ne peux pas prendre en même temps des photos et des vidéos d'un même moment (sauf à filmer uniquement et récupérer ensuite des images du film pour en faire des photos, mais cette option me laisse dubitative, pour toutes les raisons techniques expliquées au-dessus).
Tu auras donc potentiellement un reportage photo sans l'échanges des vœux, et un reportage vidéo sans la sortie d'église, par exemple. Il en ressortirait, selon moi, pas mal de frustration aussi bien pour toi que pour moi, si j'avais cette double-casquette.

Exemple avec cette photo prise pendant l'ouverture de bal de Hélène et Thomas : photos ou vidéos ? Difficile de choisir.
Je pense qu'il vaut mieux, si tu souhaites réellement avoir des photos et des vidéos, engager deux prestataires différents, afin que chacun puisse se concentrer sur l'un ou l'autre des deux aspects.
Cette solution m'amène toutefois à une petite mise en garde : si tu fais travailler ensemble un photographe et un vidéaste, sois bien attentif à ce qu'ils soient capables de travailler harmonieusement le jour J.
Deux prestataires pour la prise de vue et le besoin de coordination
Je vais me permettre ici de te parler d'une expérience personnelle.
Lors d'un de mes premiers mariages, j'accompagnais Amandine (la photographe qui m'a formée) sur un événement où il y avait également une vidéaste. Nous étions donc trois prestataires chargées de la prise de vue de la journée.
En théorie, travailler aux côtés d'un autre prestataire pour la prise de vue du mariage n'est pas très compliqué : il suffit d'être attentif à l'autre et où il se place afin de ne pas le gêner et de pouvoir lui faire signe, au besoin, de reculer ou de se décaler. Bref : il faut juste s'observer et communiquer.
En pratique, c'est parfois plus compliqué.
En l'occurrence, comme je connais Amandine et qu'elle m'a formé, je sais comment elle travaille et n'ai donc pas eu de difficulté à m'adapter à elle. Cette coordination a cependant été plus difficile à mettre en place avec la vidéaste présente ce jour-là avec nous. De par sa manière de travailler, nous avions du mal à nous accorder : elle nous regardait très peu, n'avait peut-être pas l'habitude de travailler avec une tierce personne, et comme nous étions deux photographes se connaissant déjà, je peux tout à fait comprendre que trouver sa place au sein de notre duo de choc ait pu être difficile.
Le résultat pour moi côté photo est un grand nombre de clichés inexploitables car la vidéaste se trouvait dans le champ, et des photos d'église très compliquées à prendre car, afin d'être sûre d'avoir correctement la prise de l'échange des vœux, elle avait placé un appareil sur un trépied juste à côté des mariés durant toute la durée de la cérémonie, ce qui compliquait le cadrage. J'imagine que de son côté, elle a sans doute rencontré le même type de déconvenue en post-production et que nous avons fait irruption dans son champ plusieurs fois. Bref, c'était un peu le bordel.
Au final, j'ai été contente de mon reportage (et les mariés aussi, ce qui est le plus important), donc plus de peur que de mal. Mais un manque de coordination entre prestataires peut très vite compliquer considérablement le travail de tout le monde (et stresser les mariés s'ils s'en aperçoivent, ce qui n'a heureusement pas été le cas ici).

Cette petite aventure a été vécue lors de la journée de reportage de Adélie et Aymeric, dont tu peux retrouver les photos ici. Il n'y a aucune trace de ces difficultés de prise de vue dans le reportage final, donc les conséquences de cette problématique sont à relativiser. Cela dit, si tu peux éviter ce genre de galères à ton mariage, c'est mieux !
Comment faire, alors ? Tu peux bien sûr, si ça te rassure, embaucher des prestataires qui se connaissent et ont l'habitude de travailler ensemble. Mais le fait de ne pas se connaître n'est pas à mon sens un problème pour travailler efficacement le jour J, dès lors que les prestataires pensent à communiquer et être attentifs l'un à l'autre lors du mariage.
De ton côté, préviens tes prestataires s'ils seront plusieurs à gérer la prise de vue le jour de tes noces, et discute avec eux : ont-ils déjà dû gérer ce cas de figure ? Si oui, comment s'y prennent-ils ? Le tout est de t'assurer que chacun est prêt à communiquer avec l'autre pour te garantir de jolies photos et vidéos.
C'est tout pour cette semaine !
(En même temps, cet article est très long, je te libère, maintenant !)
Pour voir certains de mes reportages de mariage, c'est par là.
A plus tard,
Manon